
Je termine à l’instant la lecture de votre billet, dans lequel vous donnez la réplique aux critiques de mon collègue Jeremy Filosa concernant le piètre traitement que les télédiffuseurs, RDS en particulier, réservent à l’un des trois clubs professionnels de la métropole, l’Impact de Montréal.
Comme vous le dites si bien au quatrième paragraphe, « Jeremy a probablement raison sur le fond ». C’est si vrai, que votre billet aurait dû se terminer sur ces sages paroles, au lieu de vous lancer dans une vague, et très sommaire, défense d’un status quo aussi regrettable qu’évitable, comparant froidement, sans la moindre nuance ou analyse, les cotes d’écoute de la Sainte Flanelle à celles du Bleu-Blanc-Noir.
Outre cette comparaison grossière, vous omettez de mentionner qu’il n’y a qu’un seul (UN SEUL!) représentant des grands médias québécois affecté au beat de l’Impact, soit Dave Lévesque du Journal de Montréal, qu’il n’y a pas sur vos ondes, ni celles de la compétition, un équivalent soccer de Hockey 360, ni aucun magazine tel que Blitz (LCF/NFL). Comment voulez-vous que l’amateur de sports moyen québécois apprenne à connaître une équipe, un sport, un produit aussi mal travaillé? Les Chiffres, M. Crête, racontent ce qu’on veut bien leur faire dire…
Parlant de la LCF, il n’est pas exagéré d’affirmer que cette ligue, qui n’est même pas le principal exposant de son sport en Amérique du Nord, n’existerait probablement plus (pas comme nous la connaissons aujourd’hui, à tout le moins) si TSN (et, par la bande, RDS) n’avait pas un jour décidé d’en faire un de ses principaux chevaux de bataille, travaillant le produit comme il se doit, avec la promotion et la couverture que cela implique, lui insufflant du coup une trame narrative et une aura dont une ligue de deuxième ordre pouvait seulement rêver. Je suis sincèrement surpris qu’un homme avec votre parcours sous-estime à ce point le pouvoir de votre medium.
Je trouve votre complaisance bien triste, surtout car elle reflète parfaitement le manque de vision et la déconnexion qui régit chez les décideurs du monde médiatique d’ici. Déconnexion dont vous faites amplement étalage lorsque vous vous demandez tout haut et avec tout le sérieux du monde :
L’Impact serait-il un « happening » et se pourrait-il qu’il ne fasse pas encore partie de nos moeurs sportives? Que va-t-il se passer quand Drogba va quitter?
Il est grand temps d’ouvrir les yeux! On ne parle pas de hurling ici, mais bien du sport le plus pratiqué par nos jeunes depuis près de 20 ans. D’un sport qui, contrairement au hockey, soulève les passions au quatre coins du globe et dont les seules synergies mondiales confèrent à l’Impact (et la MLS) un potentiel intarissable, qui ne fera que se décupler dans la prochaine décennie.
À votre question, je réponds que l’Impact est non seulement ici pour rester, mais deviendra, au cours des prochaines années, un spectacle et un produit médiatique tout aussi convoité (par les fans et les annonceurs) que le Canadien de Montréal. Une éventualité qui fait peur à bon nombre d’acteurs d’un paysage médiatique tristement homogène, qui évoluent dans la facilité de leur zone de confort depuis beaucoup trop longtemps.
La vraie question, M. Crête, n’est donc pas de savoir si ça va arriver, mais bien quand et, surtout, qui saura en profiter?
Sans rancune…
PS: Vous ne vous imaginez même pas à quel point Didier Drogba est plus populaire que Steven Gerrard! 🙂